La micromaison, ou tiny house, est une économe, elle est sobre par essence. C’est pourquoi, depuis quelques décennies maintenant, certaines personnes se tournent vers elle.
Ce peut être pour des raisons financières, car qui dit petite taille dit peu de matériaux. La dérisoire consommation de matière et la rapidité de réalisation offrent un coût global très inférieur à celui d’une maison aux standards actuels. En outre, les charges d’entretien d’une tiny house (chauffage, etc.) sont diminuées d’autant.
Sous l’angle des ressources, elle a pour atouts, là encore, la faible quantité de matière et d’énergie nécessaires ; ainsi qu’une emprise foncière minime.
La mise en œuvre de matériaux de récupération et une approche de l’autonomie (panneaux solaires, récupérateur d’eau, etc.) ajoutent encore à son économie.
Et ceci touche à deux sujets essentiels : l’attention à porter aux ressources naturelles (qu’elles soient matériau ou vecteur d’énergie) et la nécessité d’une gestion pointue de l’artificialisation des sols dans nos sociétés « riches ».
Ces deux données, couplées à une démographie encore en croissance à l’échelle mondiale, exigent des actions efficaces et de grande ampleur.
Le « mini » doit donc être valorisé, doit pouvoir être un choix et faire partie de la norme, plutôt que d’être abordé par défaut comme étant une contrainte, et destiné à ceux qui ne peuvent faire autrement.
Par sa petite taille, la micromaison acquiert, comme la cabane, le statut d’archétype : la fonction de protection y est sublimée.
C’est l’abri par excellence face à l’environnement, qu’il soit naturel ou urbain, ou à une météorologie défavorable (pluie, froid, vent…).
Car, dans la tiny house, la présence de l’environnement est au plus près, cette maison est une bulle qui nous enveloppe comme une peau.
Et l’espace interstitiel entre nous et cette peau étant réduit, la force de cette dernière n’est ainsi pas diluée.
Oui, les conditions extérieures amplifient le rôle de la maison.
Ainsi la poétique de cet espace est-elle particulièrement forte.
Notre imaginaire convoque le cocon, le nid, la coquille… et que le lieu soit rustique ou hyperdesign ce sont là des invariants.
Nous proposons la notion d’espace minimal vivable.
Il ne s’agit pas d’une quantité définie objectivement et une fois pour toute, qui offrirait une donnée chiffrée pour une, deux, trois personnes, etc.
Non, c’est à l’inverse une grandeur subjective et mouvante.
Chacun devra la définir pour soi-même et peut la faire évoluer au cours du temps (si possible, toutefois, vers un moins ! sobriété oblige).
Il est entendu que les deux adjectifs sont indissociables : le minimum doit rester vivable ; le vivable doit être réglé sur minimum.
Ce concept a pour but une incitation : l’ouverture chez chacun d’une réflexion sur ce qui lui est réellement et absolument nécessaire.
En effet, il ne s’agit pas de contraindre tout un chacun à vivre dans 10 m2, mais de constater que certains aiment, peuvent, veulent le faire tandis que d’autres auront besoin de 20, 30 voire 40 m2 et se caleront alors sur ces échelles-là.
Tout dépend des impératifs de vie : recevoir très souvent ses meilleurs amis ou rester très solitaire, peindre des tableaux de 4 x 6 m ou des miniatures, jouer de la batterie ou du triangle, cuisiner pour six ou pour deux…
Quant à la « sensation d’espace », au besoin d’espace, c’est bien là le plus subjectif ; et il faut probablement se frotter au petit, s’y essayer, avant de pouvoir affirmer de quel volume notre propre corps devrait être entouré pour être à son aise dans un minimum.
Bien entendu, la notion de partage et de meilleure répartition des richesses touche directement ce propos de l’espace minimal vivable et, outre la dimension poétique évoquée plus haut, lui donne tout son intérêt.
Le mini comme le nomade doivent être valorisés aux yeux de tous.